Le deuxième volet des perspectives des énergies renouvelables de SWEET EDGE explore la transition énergétique de la Suisse vers des émissions nettes nulles en 2050, en se concentrant sur ses interactions avec le système énergétique européen. Il examine l’impact de trois politiques énergétiques nationales clés sur le mix électrique de la Suisse, la répartition, les coûts d’approvisionnement et les échanges transfrontaliers d’électricité, en comparant les résultats de quatre modèles différents de systèmes électriques. L’analyse est affinée par l’évaluation des effets régionaux de l’amélioration des prévisions météorologiques sur l’équilibrage de la demande et de l’offre. En complément de la perspective du secteur de l’électricité, les projections évaluent les implications macroéconomiques des politiques nationales et internationales en matière d’énergie et de climat et examinent l’évolution des préférences politiques et de l’acceptation des technologies en Suisse entre 2022 et 2024. Enfin, il replace le rôle de la Suisse dans le paysage énergétique européen en analysant les investissements transfrontaliers de la Suisse dans les énergies renouvelables.
Les politiques énergétiques étudiées dans ces projections englobent l’objectif de production de 45 TWh à partir d’énergies renouvelables et la limitation des importations nettes d’électricité à 5 TWh pendant les mois d’hiver. En outre, les projections examinent l’effet d’une intégration réduite de la Suisse dans le marché européen de l’électricité. Toutes ces politiques entraînent une augmentation des investissements dans les capacités de production nationales. Cependant, les modèles utilisés trouvent des solutions optimales différentes en ce qui concerne le mix énergétique futur et le pilotage des générateurs contrôlables. Cela signifie qu’il existe plusieurs voies viables pour la transition énergétique de la Suisse. D’un modèle à l’autre, les résultats montrent que l’énergie photovoltaïque (PV) jouera un rôle crucial dans le futur système électrique. Les investissements dans le photovoltaïque sont complétés par des investissements dans l’éolien, qui deviennent particulièrement importants lorsque l’on envisage des scénarios avec une intégration réduite dans le marché ou avec une limitation des importations nettes en hiver. Pour atteindre l’objectif de 45 TWh d’électricité renouvelable, la capacité photovoltaïque installée en Suisse devrait passer de 6,4 GW aujourd’hui à une moyenne de 26,8 GW d’ici 2050, selon les résultats de tous les modèles et scénarios. L’énergie éolienne nécessiterait une augmentation encore plus importante, passant de seulement 0,1 GW aujourd’hui à une moyenne de 8,4 GW d’ici 2050. Les résultats suggèrent que des subventions importantes sont nécessaires pour atteindre cet objectif. Ces projections soulignent également que la Suisse et ses pays voisins bénéficieraient d’une intégration totale du marché, car cela permettrait de réduire les coûts d’investissement et de limiter la production d’énergie renouvelable. En revanche, la limitation des importations nettes en hiver augmente les coûts d’approvisionnement en électricité et a des effets indésirables sur le fonctionnement du système. Enfin, l’exploitation d’un système comportant une part élevée de photovoltaïque et d’éolien nécessite des prévisions météorologiques précises. De meilleures prévisions améliorent les transferts interrégionaux d’électricité.
L’analyse des politiques énergétiques suisses pour des émissions nettes nulles en 2050 est complétée par une évaluation macroéconomique analysant le coût de la décarbonisation de la Suisse et la manière dont il est influencé par les politiques climatiques internationales. Elle montre que l’objectif d’émissions nettes nulles en 2050 s’accompagnera d’une perte de bien-être social moyenne entre aujourd’hui et 2050 de 0,63 % à 0,75 % de la consommation des ménages suisses, en fonction du niveau d’ambition des politiques climatiques dans les pays étrangers. Les politiques nationales influencent également l’économie suisse. Cette étude montre qu’une faible intégration du marché de l’électricité et des importations nettes d’électricité limitées en hiver entraîneraient une hausse substantielle des prix de l’électricité ainsi qu’une légère perte de bien-être social. Les projections mettent également en évidence d’autres liens importants entre la Suisse et le paysage énergétique international en analysant les investissements suisses dans des projets d’énergie renouvelable dans le monde entier. Il en ressort que plus de la moitié des investissements suisses dans des projets d’énergie renouvelable à grande échelle sont dirigés vers les pays voisins et d’autres pays européens. Enfin, les résultats de la modélisation du système électrique sont mis en perspective avec les résultats concernant les préférences politiques de la population et l’acceptation des technologies. En particulier, ce rapport révèle que l’opinion de la population est restée relativement stable entre 2022 et 2024, avec des changements notables sur des sujets tels que l’indépendance énergétique, les importations d’électricité et les technologies spécifiques de production d’électricité. Les résultats suggèrent que les débats politiques peuvent façonner l’opinion publique. Le photovoltaïque en espace ouvert, par exemple, a été politisé dans le contexte des discussions sur le photovoltaïque alpin et a perdu de sa popularité.
Ce rapport étudie le système énergétique net-zéro de la Suisse en 2050, en se concentrant sur les interactions entre la Suisse et les pays européens environnants. Pour ce faire, il résume les études scientifiques portant sur divers aspects liés au système électrique, des préférences politiques à l’évaluation de l’impact macroéconomique. L’interprétation conjointe des résultats individuels suggère que la Suisse a besoin de politiques ciblées pour augmenter la production nationale d’énergies renouvelables et, en même temps, garantir une intégration complète dans le marché européen.