L’autoconsommation d’énergie solaire représente aujourd’hui une opportunité concrète pour réduire sa dépendance au réseau électrique et se protéger des fluctuations tarifaires. C’est le message délivré par Thomas Cretton, membre de la direction et responsable du service Energies & Produits chez Sinergy, à l’occasion d’une conférence organisée à fin septembre dernier à l’Espace Innothèque de la Foire du Valais.
Le marché du photovoltaïque connaît une expansion remarquable en Suisse. En 2024, il représente déjà 10% de la consommation nationale, avec une projection à 14% fin 2025. « Nous avons atteint 8 TWh aujourd’hui, mais le chemin est encore long pour réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés. Cette croissance pose des défis, notamment pour consommer au mieux l’énergie produite. Il faut réagir au sein de son habitat », explique Thomas Cretton.
Dans la zone de desserte de Sinergy, 30 MW de solaire photovoltaïque sont déjà installés. « Nous sommes au début du chemin. Il nous faudrait 110 MW sur la zone en 2035 et 170 en 2050. Mais il est important de réfléchir en amont pour identifier comment utiliser l’énergie qui sera produite dans le futur », précise-t-il.
Bien choisir son partenaire et dimensionner son installation
Avant d’investir dans le solaire, plusieurs éléments doivent être considérés. « Il faut un partenaire le plus durable possible, idéalement sur 25 à 30 ans, notamment pour assurer le service après-vente, effectuer les éventuelles extensions et également pour intégrer les nouveautés qui arriveront sur le marché », recommande Thomas Cretton. Le contrôle des garanties pour les batteries, panneaux et onduleurs s’avère également essentiel.
« Le dimensionnement de l’installation nécessite une réflexion prospective, surtout si vous envisagez de changer de chauffage ou d’acheter une voiture électrique. La consommation va forcément augmenter », avertit-il. Concernant les subventions, outre la subvention fédérale, chaque commune propose des incitations différentes, même si aucune aide cantonale n’existe actuellement.
Maximiser son autoconsommation : la clé du succès
L’objectif principal d’une installation solaire est de consommer localement l’énergie produite. « Il faut réduire la consommation la nuit et augmenter ses besoins en électricité lors des pics de production du solaire », rappelle Thomas Cretton.
Plusieurs solutions permettent d’optimiser cette autoconsommation. « L’optimisation énergétique sur certains appareils est peu coûteuse, dès 750 francs, et donc assez vite rentabilisée », indique-t-il. Pour la mobilité électrique, qui consomme beaucoup, « le but est de cibler les recharges au bon moment, sans forcément toujours charger le véhicule à 80% ».
Le partage d’énergie entre voisins
Une innovation récente permet désormais de partager son énergie solaire au-delà de son habitat. « Depuis le début de l’année, il est possible d’étendre les solutions de partage, avec des communautés virtuelles, en fonction de la typologie du réseau », précise Thomas Cretton. Le principe : vendre son surplus d’énergie à ses voisins. Le voisin l’achète moins cher que chez son distributeur, sans nécessiter d’adaptation au niveau de l’installation électrique. L’avantage de cette solution : le producteur augmente la rentabilité de son installation, le consommateur réduit sa facture d’électricité.
Les batteries : dernière étape pour booster son indépendance
L’installation d’une batterie de stockage constitue une étape supplémentaire vers l’autonomie énergétique. « Les prix des batteries baissent de plus en plus. Elles se chargent lorsqu’il y a un surplus et permettent de consommer l’énergie le soir. On peut augmenter de 20 à 30% l’autoconsommation grâce à une batterie », souligne Thomas Cretton.
Hier, l’autoconsommation se limitait à 25-30% de l’énergie produite. « Avec la tendance haussière des tarifs de fourniture d’électricité et la baisse des tarifs de reprise, cela devient toujours plus intéressant d’autoconsommer. En cumulant toutes les options citées, on peut arriver à 80% d’autoconsommation et réduire de la même manière sa dépendance au réseau électrique. Du coup, il y a une meilleure stabilité financière pour les clients », explique-t-il.
Propos recueillis le 30.09.2025 à l’Espace Innothèque de la Foire du Valais