Le rôle de l’EPFL dans les défis liés à l’énergie 

Afin d’accélérer sa transition énergétique, la Suisse doit notamment poursuivre d’importants développements technologiques pour un système plus durable. Comment l’EPFL y contribue-t-elle ? Nous avons posé la question à Yasmine Calisesi, directrice opérationnelle du Centre de l’énergie de l’institution.

Rappel des faits

La question ne fait pas vraiment débat : la transition énergétique ne pourra être menée sans un effort soutenu de recherche et d’innovation. Forte d’une solide réputation internationale, l’École polytechnique de Lausanne (EPFL) compte une centaine de laboratoires en lien direct avec la thématique de l’énergie. Fondé en 2006, le Centre de l’énergie (CEN) a pour mission de favoriser les échanges entre les chercheurs et chercheuses et de promouvoir les collaborations à l’extérieur de l’institution.

Quelle est selon vous la contribution de la recherche pour relever les défis de la transition énergétique ?

Pour mener à bien cette transition, la recherche est nécessaire dans tous les domaines, et pas uniquement du point de vue technologique. Bien sûr, la technologie permet de créer de nouvelles opportunités, d’aller vers plus d’efficacité et plus de performance. Mais l’acceptation du changement, donc le facteur humain, est un aussi un levier très important, tout comme la prise en compte du contexte économique, social et géopolitique dans lequel nous évoluons. On ne doit donc pas sous-estimer la contribution de la recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales, ni l’importance des échanges interdisciplinaires.

Sur quoi portent les projets de recherche en cours à l’EPFL sur la thématique de l’énergie ?

Je pourrais vous en parler pendant des heures ! Une centaine de laboratoires de l’EPFL travaillent en effet directement ou indirectement sur l’énergie. Nous menons ainsi des projets sur l’efficacité énergétique dans l’industrie, le bâtiment et les transports. Certaines recherches portent sur les nouveaux modèles d’affaires pour les marchés énergétiques. Je peux encore citer la conversion d’énergie renouvelable – la plateforme de l’EPFL pour les machines hydrauliques est une référence mondiale en la matière. Sans oublier l’atome, car il est très important de continuer à former des ingénieurs dans ce domaine afin de conserver dans notre pays l’expertise nécessaire à la sûreté nucléaire. Pour faire simple, les chercheurs et chercheuses de l’EPFL travaillent sur toutes les thématiques en lien avec l’énergie, à l’exception probablement de l’énergie marémotrice.

Quelles pistes vous semblent particulièrement prometteuses ?

Il est difficile pour moi de mettre en avant un domaine plutôt qu’un autre. J’aimerais souligner l’engagement de tous nos chercheurs et chercheuses, qui font de l’EPFL la meilleure école d’Europe continentale dans le domaine de l’énergie, selon les classements internationaux. Nous sommes notamment à la pointe dans les domaines traditionnels comme la force hydraulique, le photovoltaïque, ou la géothermie. Je pourrais également souligner les recherches autour de la circularité, notamment sur la capture et le stockage de carbone, la production de plastiques biosourcés, ou celle d’hydrogène à partir du rayonnement solaire et de l’humidité de l’air. Il y a aussi d’autres domaines moins évidents à appréhender comme l’optimisation et le contrôle des systèmes énergétiques, ou encore la gestion intelligente des réseaux de transport et de distribution d’électricité.

Comment mesure-t-on la capacité à innover d’une institution de recherche comme l’EPFL ?

On peut penser à différents indicateurs pour mesurer cela. Communément, on passe par le nombre de brevets déposés et par le nombre de start-up créées – respectivement 79 et 23 en 2023. L’une des clés de l’innovation est aussi d’impliquer les acteurs importants du terrain ; s’ancrer dans la réalité permet en effet d’augmenter les chances de succès.

Justement, quels liens l’EPFL entretient-elle avec les milieux industriels ?

La renommée internationale de l’EPFL permet aux équipes de recherche de s’entourer de nombreux partenaires et de travailler de concert avec l’industrie. Les centres de recherche comme le Centre de l’énergie sont une porte d’entrée privilégiée pour les entreprises.  Les laboratoires ont souvent aussi leur propre réseau, via les professeur-e-s qui les dirigent. Certaines recherches exigent rapidement des approches appliquées, sur des démonstrateurs. En collaborant directement avec l’industrie, nous pouvons ainsi travailler en conditions et sous les contraintes réelles du terrain. Ensuite, la mise à l’échelle est souvent aussi un grand défi, indispensable pour développer à large échelle des solutions qui contribueront à construire le système énergétique de demain.

Propos recueillis par Elodie Maître-Arnaud

L'experte

Yasmine Calisesi

Après un doctorat en physique de l’atmosphère à l’Université de Berne, Yasmine Calisesi occupe plusieurs postes dans ce domaine pendant onze ans. Elle rejoint l’Office fédéral de l’environnement (OFEN) en 2007, dans la section Recherche énergétique, où elle a la charge du programme de projets pilotes et de démonstration. Elle rejoint l’EPFL en 2019 où elle est nommée directrice opérationnelle du Centre de l’énergie (CEN).

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