L’industrie énergétique suisse vit une transformation majeure grâce aux innovations digitales. Loin d’être de simples gadgets technologiques, ces outils deviennent indispensables pour optimiser la production et la distribution d’énergie. Cette révolution était au cœur des débats lors d’une table ronde, organisée lors de l’Event Smart Energy de fin août dernier à Sion.

Pour Assia Garbinato, directrice digital et innovation chez Romande Energie, le choix des innovations doit être pragmatique. « La sélection doit être guidée par des enjeux et des besoins métiers. Ce qui nous aide le plus aujourd’hui, c’est l’intelligence artificielle (IA), notamment pour ajuster les achats et ventes d’énergie, mais également pour trier les données des différents capteurs. »

Cette approche se retrouve chez Siemens, où Michael Weinhold, Head of Technology & Innovation Smart Infrastructure, mise sur l’automatisation. « L’IA arrive à trouver le design optimal et améliorer la productivité des usines, notamment avec les robots. Nous misons de plus en plus sur des systèmes semi-autonomes car les changements sont très rapides, trop rapides pour l’humain. »

Des technologies éprouvées qui retrouvent une seconde jeunesse
Christian Schaffner, Executive Director de l’Energy Science Center à l’ETH Zurich, rappelle que l’innovation ne signifie pas forcément nouveauté. « La pompe à chaleur existe depuis longtemps, dès 1934. Cette ancienne technologie a été renouvelée et cela permet de trouver de nouvelles opportunités. »

Chez OIKEN, Sylvia Marra, directrice générale, utilise l’IA pour le pilotage des installations à distance, pour augmenter ou baisser la charge des parcs photovoltaïques, mais également pour le déploiement du réseau. « L’IA nous aide à faire des pronostics, c’est comme une aide à la décision. »

Le défi de l’exploitation des données
Le déploiement massif des compteurs intelligents représente une opportunité majeure. « D’ici la fin de l’année, 80% des smart meters seront déployés », précise Assia Garbinato. « Mais ce n’est que le début de l’histoire. Une fois les smart meters déployés, c’est une nouvelle aventure qui commence. Il faut ensuite trouver de bons cas d’usage avec ces données. »

Pour Christian Schaffner, l’accès aux données reste un enjeu crucial. « En Suisse, nous avons de petites unités de production. C’est frustrant de voir que la France est en avance, tout en étant pourtant un pays sur-régulé. Les données sont la base des progrès que peut faire la Suisse. »

Propos recueillis le 29 août 2025 lors de l’Event Smart Energy